Fontenay-le-Comte – Côte vendéenne : quelles solutions sûres à vélo ? Le vrai état des lieux

Le vélo connaît un véritable renouveau partout en France. Entre l’envie de bouger autrement, de limiter son empreinte carbone, de savourer les paysages au rythme des deux roues, et de profiter du plein air, beaucoup cherchent à relier Fontenay-le-Comte à la côte vendéenne à vélo. Mais qu’en est-il vraiment des itinéraires sécurisés ? Existe-t-il des pistes cyclables ou des voies vertes pour parcourir ce trajet tranquillement et sans stress ? Pas si simple… Cette question est d’autant plus cruciale avec la hausse constante de la pratique. En Vendée, la fréquentation des pistes a bondi de plus de 15 % entre 2022 et 2023 selon le Département de la Vendée, et les familles, cyclotouristes ou navetteurs sont de plus en plus nombreux à s’interroger sur la sécurité des parcours.

Pour comprendre les possibilités et limites, il faut décortiquer ce qu’offre vraiment le territoire entre Fontenay-le-Comte et la côte :

• Pistes cyclables : Voies réservées aux cyclistes, physiquement séparées de la voiture.
• Voies vertes : Parcours dédiés aux usagers non-motorisés, souvent aménagés sur d’anciennes voies ferrées ou chemins de halage.
• Voies partagées : Routes peu fréquentées (petites départementales, chemins ruraux), signalées comme itinéraires cyclables mais non séparées de la circulation automobile.

En Sud Vendée, le réseau cyclable structurant est composé principalement de voies partagées. Où sont vraiment les pistes sécurisées ? Point par point sur le tracé vers le littoral.

Sur les 1 800 km de pistes cyclables dénombrés dans le département (cf. Conseil départemental de la Vendée), la grande majorité se concentre sur la frange côtière et autour des grands pôles touristiques. Dans l’arrière-pays, l’offre est plus morcelée. Voici l’état du parcours entre Fontenay-le-Comte et la côte sud (La Tranche-sur-Mer, L’Aiguillon-sur-Mer, La Faute-sur-Mer) :

• Fontenay-le-Comte – Marans : Aucune piste cyclable continue sur la D938, axes dangereux du fait du trafic et de l’étroitesse de la chaussée (source : carte interactive France Vélo Tourisme).
• Fontenay-le-Comte – Luçon : Aucun aménagement cyclable sécurisé direct. L’axe principal (D949) est accidentogène (trafic de poids lourds, vitesse).
• Luçon – Littoral (La Faute-sur-Mer, La Tranche-sur-Mer) : Présence de bandes cyclables en sortie de Luçon puis de pistes dédiées, notamment sur l’axe Luçon – L’Aiguillon-sur-Mer (voie verte du Circuit Vendée Vélo sur 18 km), tracé confortable, bien balisé (source : Carte Vendée Vélo).

Le manque de continuité entre Fontenay-le-Comte et Luçon est le principal point noir. La solution passe aujourd’hui par une succession de petites routes et de chemins peu fréquentés, en attentant un aménagement continu.

Sécurité oblige, mieux vaut privilégier des itinéraires détournés pour éviter les axes à fort trafic. Voici deux options populaires employées par les cyclistes réguliers.

1. Via le Marais poitevin et les petites routes

• Fontenay-le-Comte → L’Île-d’Elle → Luçon → Littoral
  • Empruntez la D25 puis les petites départementales du Marais poitevin (D68, D105), traversant des villages calmes (Velluire, L’Île-d’Elle, Chaillé-les-Marais).
  • De Luçon, suivez la direction Chaillé-les-Marais puis L’Aiguillon-sur-Mer.
  • Sur la portion Luçon-Littoral, voie verte accessible (piste bien identifiée sur cycling-vendee.com).

Cette itinérance permet de pédaler dans des paysages remarquables (canaux, prairies inondables), en limitant le trafic motorisé mais en partageant la chaussée avec les voitures sur une bonne partie du parcours. Cela reste la solution la plus « douce » et préservée à ce jour.

2. L’axe du canal Vendée-Sevre Niortaise

• Fontenay-le-Comte → Vix → Maillé → Marans
  • Possibilité de suivre de nombreux chemins de halage à vélo, sur berge, non bitumés.
  • Parcours bucolique mais non goudronné sur longue distance : réservé aux vélos tout-chemin.
  • De Marans, rejoindre la Vélodyssée pour gagner La Rochelle ou le nord de la Vendée (Les Portes de la Vendée, Baie de l’Aiguillon).

Ce cheminement, peu connu, offre des sections sécurisées avec peu ou pas de voitures, mais il nécessite une bonne préparation (carte, eau, réparation). Il n’est pas officiellement balisé comme itinéraire continu de piste cyclable sécurisée, surtout en cas de fortes pluies ou de crues.

Le Sud Vendée n’est pas resté passif. Plusieurs projets sont dans les cartons depuis plus de 10 ans, afin de relier la plaine vers le littoral. En 2019, le Schéma Départemental Cyclable prévoyait la création de 400 km de voies nouvelles en Vendée (source), dont la plupart en bord de littoral ou reliant les pôles de Luçon / Fontenay / la Tranche. Pourtant, l’aménagement effectif est partiel, la priorité ayant été donnée (jusqu’ici) au littoral pour capter le tourisme à vélo, en forte croissance depuis 2020 (+38 % sur le secteur côte, selon Vélo & Territoires).

Résultat : sur les 40 km à vol d’oiseau entre Fontenay-le-Comte et la côte, moins du tiers du trajet propose à ce jour une infrastructure réellement séparée du trafic, essentiellement entre Luçon et le littoral, mais quasiment rien entre Fontenay et Luçon. La carte interactive France Vélo Tourisme et Open Street Map permettent de bien vérifier : on ne trouve aucune piste cyclable longue distance garantie sans voitures sur cette portion.

Qu’en disent les cyclistes qui arpentent cette traversée ? Selon les retours collectés sur les groupes Facebook locaux (ex. « Fontenay à vélo », « Sud Vendée Cyclo »), la plupart saluent la beauté du Marais mais restent prudents quant à l’absence d’aménagements sécurisés directs. Certains témoignent de frayeurs sur la D949, d’autres soulignent la tranquillité hors saison mais le manque de signalisation et l’état parfois sommaire de la chaussée.

Les professionnels du tourisme recommandent de planifier le trajet hors des heures de pointe, d’éviter la D949, et de se munir d’un gilet réfléchissant et d’une carte papier ou GPS (peu de signalisation sur ces axes pour le moment).

L’actualité, c’est aussi l’arrivée progressive de la « Scandibérique » (EV3, EuroVelo 3), grand itinéraire du nord au sud de la France passant officiellement par le secteur Fontenay-Luçon. Actuellement, l’itinéraire emprunte des routes partagées, mais les collectivités, dans le cadre du Plan Vélo National, visent à hybrider ces tronçons avec de nouveaux aménagements sécurisés d’ici 2030 (source officielle).

• Une section sécurisée pourrait ouvrir entre Fontenay-le-Comte et L’Aiguillon via Luçon, mais aucune date n’est officielle.
• Le Département a commencé à travailler en 2023 sur la connexion Fontenay – Niort avec des sections mixtes (voie verte/route partagée).

Tout cela reste à l’état de projet, mais accordera enfin une vraie place aux cyclistes hors littoral.

Même sans piste sécurisée en continu, il est tout à fait possible de relier Fontenay-le-Comte à la mer à vélo, à condition d’adopter quelques règles de prudence et d’être bien équipé :

• Ne pas ignorer la signalisation : repérez les itinéraires « Conseillés aux cyclistes » (panneaux verts), mais adaptez votre parcours selon l’état de la route.
• Éviter les grands axes : préférez les routes secondaires où le trafic est bien moindre, surtout l’été.
• Avoir un bon éclairage, un gilet réfléchissant, surtout hors agglomération : la législation l’impose et c’est vital pour être vu (source : Code de la Route).
• Emporter de l’eau et une trousse de réparation : les villages traversés ont parfois peu de commerces ouverts hors saison.
• Consulter la météo et l’état des routes : en période de crue ou d’intempéries, plusieurs tronçons du Marais peuvent devenir impraticables (site Vigicrues).
• Cartes utiles : application Komoot, carte interactive France Vélo Tourisme, ou impression papier par Vendée Vélo.

L’attente est forte pour une continuité cyclable de qualité entre Fontenay-le-Comte et la côte. Les premières initiatives existent, et la demande, portée par les cyclistes, les familles et les acteurs du tourisme, pèse de plus en plus dans la balance. D’ores et déjà, les retombées du tourisme à vélo ont dépassé les 17 millions d’euros annuels en Vendée, selon l’Office de Tourisme de Vendée, preuve d’un enjeu structurant pour l’économie locale.

En attendant la réalisation d’une piste sécurisée directe, il faudra ruser avec les petites routes et profiter de la diversité exceptionnelle des paysages du Marais. Une bonne préparation reste la clef pour vivre l’expérience en confiance – et peut-être, à terme, faire bouger les lignes pour de futurs aménagements.